En ces temps troublés, où une grande majorité d’entre nous est confinée chez elle, l’art peut devenir un formidable moyen d’évasion. A défaut de pouvoir sortir, on regarde par la fenêtre... La peinture n’est-elle pas, elle aussi, une fenêtre ?
En 1435, Léon Battista Alberti définit, dans son traité Della Pictura, la peinture comme « une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’histoire. » Ce traité fondateur révolutionne la peinture du Quattrocento et aura un impact majeur sur la peinture des siècles suivants. Basée sur la perspective et l’illusion du réel, cette nouvelle conception de la peinture fait du cadre un élément fondamental, à la fois limite et articulation entre l’œuvre et son environnement.
Cette notion de fenêtre, on la retrouve également dans l’étymologie du mot français cadre, autrefois orthographié quadre, qui vient de quadro en italien (carré) ou quadrum en latin, dérivé de quattor, qui signifie quatre. Cette science mathématique de l’espace, la perspective héritée de la Renaissance, doit se faire au sein des quatre bords d’un cadre défini. En 1540, la définition du mot cadre est : « ouverture carrée, petite fenêtre », faisant définitivement du cadre une limite structurante à un espace visuel.
« Comme un beau cadre ajoute à la peinture, Bien qu'elle soit d'un pinceau très vanté,
Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté
En l'isolant de l'immense nature »
Charles Baudelaire, « Le cadre », Les Fleurs du Mal
Comme une fenêtre, le cadre ouvre sur un ailleurs et permet l’observation d’une scène ou d’un paysage sans quitter son confort domestique. Il est un repère qui dirige le regard et invite à la contemplation d’un monde extérieur, réel ou pictural.